Architecture et urbanisme Technique

Le respect du patrimoine bâti

Écrit par Marie-Pier Germain

D’abord d’influence française puis d’influence anglaise, l’architecture traditionnelle québécoise, bien que très jeune comparativement à nos voisins d’Europe, est diversifiée et riche en détail.

Nos ancêtres ont dû user d’ingéniosité afin d’adapter l’architecture d’origine aux modes de vie et aux rigueurs de notre climat, façonnant ainsi le berceau de notre identité.

Le patrimoine architectural est le reflet de notre histoire, le savoir-faire de nos prédécesseurs. Sa préservation joue un rôle important à plusieurs niveaux dans notre société actuelle. Au-delà de la sauvegarde de notre architecture locale, la conservation de notre patrimoine bâti contribue à la qualité de vie des quartiers et des villages, répond aux défis qu’impose le développement durable et offre une plus grande valeur marchande aux bâtiments bien préservés.

Quand vient le temps de restaurer un bâtiment patrimonial, comment s’assurer de le faire adéquatement? Comme notre histoire déborde d’influences et de détails sur une assez courte période, il est impensable de donner ici toutes les réponses. Ainsi, nous concentrerons notre intervention sur trois éléments de base : la toiture, le revêtement extérieur et les ouvertures.

D’abord, il faut savoir que le tronc commun de la réussite d’une restauration patrimoniale réside dans la composition des façades. Respecter la composition des façades, c’est respecter la personnalité du bâtiment. Il importe de connaître le bâtiment avant d’y faire des interventions pour préserver son cachet. Une étude et des recherches s’avèrent donc nécessaires et bénéfiques dans la quête du succès. Porter une attention aux détails d’origine et avoir le souci des proportions et des assemblages contribuent à la pérennité des manifestations de notre passé.

Que ce soit par la tectonique des matériaux, le type de couronnement, la présence d’ornements ou de saillies, le type de portes et de fenêtres ou même de mortier, chaque élément composant une façade joue un rôle important pour former un ensemble harmonieusement cohérent. Parmi ceux-ci, la toiture, le revêtement extérieur et les ouvertures sont probablement les plus primordiaux.

La toiture

Plate, à faible pente, à deux versants, à croupe, à mansarde, etc., la toiture témoigne de l’époque de construction. Sa conception était auparavant dictée par les conditions climatiques régionales, la disponibilité des matériaux et la fonctionnalité de l’espace intérieur.

Ne pas respecter le type de toiture d’origine lors d’une restauration vient briser la volumétrie du bâtiment et son homogénéité. Tout comme ne pas respecter le matériau de revêtement d’origine trahit le caractère patrimonial.

Au Québec, la toiture à deux versants est la plus ancienne. D’une part puisqu’elle s’adaptait parfaitement aux conditions climatiques de notre province en minimisant les accumulations de neige sur le toit, mais aussi en raison de son faible coût et de sa simplicité d’exécution en chantier.

Au milieu du siècle dernier, avec la découverte du goudron et le développement des scieries, les bâtiments ont délaissé leur chapeau pointu et se sont coiffés de toits plats ou à très faible pente. Le marché offrait alors des pièces de bois de plus petites dimensions permettant de plus longues portées et un revêtement qui assurait l’étanchéité.

En plus de pallier les contraintes des époques, la forme de la toiture dessine aussi la fonction du bâtiment pour former un tout équilibré. Le non-respect de ses origines lors d’une restauration dénature le bâtiment et s’avère, la plupart du temps, un échec.

Le revêtement extérieur

Tout comme les toitures, qu’il soit de maçonnerie ou léger, le type de revêtement extérieur et son installation indiquent l’époque de construction et reflètent les caractéristiques régionales. En ville, comme à Montréal, on retrouve beaucoup de brique d’argile et de pierre calcaire (pierre grise). À Québec, les crépis et les enduits semblent avoir été très populaires à l’époque.

En contrepartie, les habitations des régions ont plutôt été revêtues de bois, principalement de déclin installé à l’horizontale. Alors que le bardeau de cèdre a été le matériau de prédilection pour les régions océaniques côtières.

Chaque revêtement est différent, particulier et possède ses raisons d’être, autant esthétiques que techniques. Non seulement les détails d’assemblage d’un mur de maçonnerie peuvent avoir une fonction esthétique, mais le mur lui-même peut former à lui seul l’enveloppe du bâtiment et jouer un rôle structural.

Outre la connaissance du matériau d’origine et son assemblage, ses fonctionnalités dans l’enveloppe du bâtiment doivent être comprises afin d’exécuter adéquatement sa réfection ou son remplacement sans créer de problème au niveau de l’enveloppe. Ainsi, il vaut mieux opter pour l’authenticité du matériau d’origine et un entretien rigoureux pour préserver la qualité, l’identité et le caractère du bâtiment.

Les ouvertures

Les ouvertures (portes et fenêtres) dans une façade sont assurément des éléments propices au remplacement. Leurs dimensions, leur emplacement et leurs proportions sont calculés, étudiés et fonctionnels, conférant un équilibre entre le plein des murs et le vide des ouvertures pour balancer esthétiquement l’ensemble.

De plus, les caractéristiques des ouvertures (à guillotine, à battant, à double vantaux, avec ou sans imposte, etc.) et leurs matériaux (généralement du bois) viennent signer la facture esthétique visuelle du bâtiment. Le simple remplacement d’une porte à double vantaux avec imposte par une porte simple sans imposte ou encore le remplacement de fenêtres en bois par des fenêtres en PVC serait désastreux. Le bâtiment s’en trouverait totalement transformé et le caractère patrimonial serait perdu.

Pour assurer la réussite du projet, mieux vaut remplacer un élément par un autre identique ou, advenant que ce ne soit pas possible, faire appel à un artisan qui pourra le reproduire. La connaissance de l’histoire du bâtiment, de ses matériaux d’origine et des méthodes d’assemblage est également gage de succès. Il ne faut pas hésiter à s’informer auprès de la société d’histoire de la ville, ou à des organismes comme Héritage Montréal, et à faire appel à des professionnels spécialisés dans le domaine.

Photos : Marie-Pier Germain

Référence : heritagemontreal.org

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Marie-Pier Germain

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