Technique

Protéger les fondations contre l’eau et l’humidité

L’installation de membranes imperméables et de membranes drainantes sur la surface des murs de fondation est une pratique qui gagne en popularité en construction neuve comme en rénovation.

Bien que cette pratique permettant de protéger les fondations contre l’humidité et les infiltrations d’eau soit de plus en plus fréquente, le niveau de protection atteint est fréquemment largement supérieur aux besoins réels, sans toutefois être optimale.

En fait, la plupart des cas d’infiltrations d’eau identifiés en provenance des murs de fondation de béton impliquent des défaillances ciblées comme la présence de fissures ou de joints froids dans le béton. Généralement, ces défaillances sont combinées à des pentes d’écoulement inadéquates, acheminant l’eau de ruissellement vers la résidence en question. On peut évidemment remédier à ces situations sans l’installation de membranes. En revanche, pour les cas d’infiltrations d’eau impliquant la montée de la nappe phréatique ou la défaillance du drain de fondation, la présence de membranes aux murs de fondation et aux semelles s’avère en fait insuffisante si le dessous de la maison n’est pas également imperméabilisé.

Il ne faut pas confondre « protection contre l’humidité » et « imperméabilisation ». La protection contre l’humidité ne sert qu’à réduire la transmission d’humidité par capillarité, alors que l’imperméabilisation implique une étanchéité complète.

Exigences minimales du Code de construction

Les règles établies par le Code de construction pour un bâtiment implanté en dehors des zones inondables et situé au-dessus du niveau de la nappe phréatique exigent de fournir une protection contre l’humidité sur la face extérieure des murs de fondation en béton. À noter que la protection mentionnée est seulement exigée lorsque les aires habitables d’un bâtiment se retrouvent en contrebas du niveau du sol extérieur. Ainsi, pour un garage par exemple, ou pour une maison dont il n’y a pas de zones habitables sous le niveau du sol, le Code n’exige pas de protéger les fondations contre l’humidité.

Précisons que la protection contre l’humidité ne consiste pas en une imperméabilisation des fondations. Elle vise plutôt à limiter la migration d’humidité dans les pores du béton. Ce niveau de protection ne permet pas de résister aux conditions de pressions hydrostatiques, ni de rendre étanches les différents joints de construction présents aux fondations de béton. La protection contre l’humidité est le plus fréquemment effectuée au moyen d’une émulsion de bitume.

Avec cette méthode, les trous laissés à la suite du retrait des tirants de coffrage doivent subir une application de mortier de ciment, ou l’application d’un produit imperméabilisant, et ce, préalablement à l’application de l’enduit de protection. À noter que certaines membranes drainantes sont également reconnues par le Centre canadien de matériaux de construction (CCMC) comme pouvant effectuer efficacement la protection contre l’humidité spécifiée au Code.

Membrane drainante pouvant également agir comme protection minimale exigée contre l’humidité.

Imperméabilisation exigée

Bien qu’il soit généralement déconseillé d’implanter un bâtiment sous le niveau de la nappe phréatique, le Code prévoit toutefois que si vous faites face à cette situation, la fondation devra être imperméabilisée.

Mentionnons que dans un contexte où l’on souhaiterait rendre une fondation complètement étanche, il faudra commencer les travaux d’étanchéité sous le bâtiment. Dans ce cas, la performance visée doit permettre de contrer efficacement la montée d’eau souterraine, et il faudra donc s’assurer de rendre bien étanche tout l’empattement au sol du bâtiment. La méthode couramment utilisée implique tout d’abord la mise en œuvre d’une dalle de propreté sur laquelle les travaux d’imperméabilisation pourront commencer. Suivant l’implantation des semelles et des murs, on pourra joindre les membranes d’étanchéité préalablement installées sous le bâtiment, avec les membranes recouvrant les semelles et les murs.

Pour les situations où la pression hydrostatique envisageable est potentiellement importante, l’ajout de membranes ou de panneaux drainants peut constituer une protection supplémentaire intéressante. La membrane ou le panneau drainant peut également servir de matériau de protection à la membrane d’imperméabilisation. Précisons que de manière générale, la membrane d’imperméabilisation de la fondation doit être protégée avant le remblai afin d’éviter de l’endommager pendant cette étape.

Imperméabilisation des fondations en cours avec membrane de bitume modifié thermosoudable.

Que faire avec les fondations existantes?

Les fondations de moellons, les fondations de blocs de béton et même les fondations de béton coulées les plus anciennes sont toutefois plus susceptibles de transférer l’eau et l’humidité à l’intérieur d’un bâtiment. Ceci s’explique par le fait que les murs ne sont pas monolithiques. Par conséquent, l’eau se fraie un chemin plus facilement à travers la masse du mur. Dans un des contextes précités, il peut s’avérer judicieux d’opter pour l’imperméabilisation du mur. Comme ces ouvrages anciens offrent généralement des surfaces inégales, la sélection d’un système d’étanchéité applicable à l’état liquide nous apparaît comme étant la meilleure solution. À cet effet, une panoplie de produits peut être utilisée : caoutchouc liquide, bitume caoutchouté, protection cristalline, argile bentonite, etc.

Peu importe le produit que vous choisirez d’installer, il faut considérer qu’une application de la membrane d’étanchéité aura beaucoup plus de succès lorsqu’effectuée du côté exposé à l’eau. L’application des meilleures membranes du côté intérieur des bâtiments s’avère généralement inefficace pour contrer les pressions hydrostatiques.

À propos de l'auteur

Pierre-Marc Larochelle

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