Avec la saison hivernale, il est important d’aborder une question qui est toujours d’actualité : devrait-on déneiger la toiture? La question est loin d’être illogique, puisqu’avant de procéder au déneigement d’un toit, il faut d’abord s’interroger sur la nécessité réelle de l’opération.
La plupart des toits ne requièrent habituellement pas d’être déneigés au cours de l’hiver, et c’est tant mieux comme ça! Rappelons que ce n’est pas la neige qui est généralement à blâmer dans les cas problématiques, mais plutôt la glace.
Il faut remettre en perspective que le fait de circuler sur une toiture risque de l’endommager, et ce, particulièrement en saison froide. En cette période, le module d’élasticité des matériaux est grandement diminué par les températures glaciales. Ainsi, le fait de circuler sur des toitures gelées peut entraîner des bris et même endommager les composantes maintenant l’étanchéité. Il est donc préférable d’agir au besoin et d’adapter les techniques utilisées pour minimiser l’impact sur la durée de vie des couvertures. À cet effet, rappelons qu’il peut être complexe d’effectuer des réparations sur les toitures en hiver.
Quand agir?
Tous les bâtiments comportent des particularités, que ce soit en ce qui concerne l’emplacement, la configuration, l’époque de construction, etc. Ceci étant dit, chaque bâtiment demeure a priori un cas unique à analyser. Par exemple, les habitations récentes (1980 et plus) sont généralement munies de toitures construites avec des fermes préfabriquées et préalablement calculées pour recevoir une quantité importante de neige et de glace. Le Code national du bâtiment prévoit que les toitures doivent pouvoir soutenir un pourcentage de la charge de neige et de pluie prévue dans la saison froide, et ce, en fonction de la région dans laquelle le bâtiment sera implanté. Il va sans dire que la quantité de neige au sol peut varier grandement d’une région à l’autre. C’est le manufacturier des fermes qui s’assure que la structure du toit sera suffisamment rigide pour répondre aux critères établis.
Il importe toutefois de rester vigilant. En effet, certaines configurations, comme la jonction d’une toiture avec un mur ou la présence de lucarnes et de noues, peuvent favoriser une accumulation de neige plus importante et susceptible d’excéder les charges prévues, surtout après une forte pluie. À ce moment, on pourra effectuer un déneigement ponctuel de façon préventive aux endroits où il y aurait des accumulations excessives. Les toitures ayant de faibles pentes, soit une déclivité de moins de 4 : 12, peuvent aussi être propices à des accumulations de neige importantes et seront à surveiller, particulièrement lors des redoux et d’averses de pluie. En fait, il est difficile de tirer une ligne directrice universelle quant à l’épaisseur de neige qu’on peut tolérer sur une toiture puisque c’est la densité du couvert blanc qui aura finalement une incidence, et non son épaisseur.
Pour les bâtiments plus anciens, il faut savoir que les structures ne faisaient généralement pas l’objet de calculs. De plus, il était courant de tolérer certaines déflexions à l’intérieur des bâtiments. Pas de panique, la présence de déflexions ne signifie pas que l’assemblage ait atteint son point de rupture. Toutefois, dans les cas où des déflexions des assemblages de plafond sont perceptibles, il est possible de soupçonner que la rigidité de l’assemblage ne soit pas nécessairement adéquate pour supporter des masses excédentaires. Ainsi, en présence de signes de faiblesses structurales, comme des toitures voûtées et des plafonds fléchis, il est recommandé de déneiger plus fréquemment.
Quels sont les signes?
Les signes indiquant une surcharge sur le toit peuvent être multiples, mais il n’est pas recommandé de les attendre avant d’agir. Ces indicateurs pourraient, entre autres, être des bruits de craquements inhabituels provenant de la structure, des murs et du toit, l’apparition de fissures aux plafonds et aux murs, la difficulté à opérer certaines portes (surtout à l’intérieur), l’apparition d’une déflexion du plafond ou l’augmentation de celle-ci. Si vous êtes informés de l’une de ces situations, il faut déneiger sans tarder.
Dans un contexte où il ne semble pas y avoir urgence d’agir, il pourrait s’avérer pertinent de procéder à une inspection du vide sous-toit si celui-ci est accessible. On y vérifiera, entre autres, l’état général de la structure du toit. Soyez attentifs aux bris et aux déflexions pouvant affecter les fermes, le support de couverture et les autres éléments de structure. Mentionnons au passage que les accumulations de glace en débord de toit sont également susceptibles de causer un retour d’eau sous les bardeaux, profitez-en pour vous assurer que la couverture est bien étanche. En cas de doute, il demeure judicieux de déneiger la toiture.
Comment déneiger?
Les opérations de déneigement de toiture devraient être préférablement effectuées à partir du sol, et ce, dès qu’il est possible de le faire. L’utilisation de pelles avec de grands manches permet de déneiger plusieurs petits bâtiments sans devoir se rendre sur la toiture. On minimise ainsi le risque de blessures causées par les chutes et les dommages potentiels pouvant survenir à la toiture. Attention toutefois de ne pas vous ensevelir sous une avalanche!
Plusieurs couvreurs offrent des services de déneigement, et ce n’est pas par hasard! Ils sont habitués à travailler sur ces surfaces et la plupart du temps, ils sont déjà bien équipés pour travailler en hauteur de façon sécuritaire (harnais, installation de garde-corps temporaire, etc.).
Il est également recommandé de laisser une bonne couche de neige sur la toiture pendant le déneigement (2 à 4 pouces) afin d’éviter d’en abîmer la surface avec une pelle ou même simplement en circulant dessus. Évitez de marcher sur les noues ou près des solins puisque le froid rend ces assemblages fragiles.
Lorsqu’il y a une accumulation importante de glace, il s’avère judicieux de préconiser l’utilisation de fils chauffants plutôt que de tenter de casser la glace. Les opérations visant le bris de la glace sont tout à fait susceptibles d’endommager les toitures. Pour un toit plat, on installera les fils chauffants de manière à ce qu’il y ait toujours une section près de l’avaloir de toit pour faciliter l’évacuation de l’eau.
Pour les accumulations de glace n’étant pas reliées à des pluies hivernales, il pourrait être judicieux de vérifier le vide sous-toit pour y déceler un manque ou l’absence d’isolation, des fuites d’air importantes, une absence ou une insuffisance de ventilation du vide sous-toit. Dans certains cas où les problèmes d’accumulation de neige et de glace seraient récurrents, l’installation permanente de fils chauffants peut également s’avérer une stratégie intéressante pour le portefeuille de votre client et la durée de vie de sa toiture.
Finalement, en cas de doute, n’hésitez pas à recourir aux services d’un professionnel.
Bon déneigement!