Nos habitations étant de plus en plus étanches à l’air, le ventilateur récupérateur de chaleur (VRC) s’inscrit comme l’outil de choix pour renouveler l’air et réguler l’humidité ambiante dans nos maisons.
Ce n’est plus un secret : composés organiques volatils (COV), radon et autres polluants sont réellement susceptibles de s’accumuler dans une habitation. Vous avez donc tout avantage à avoir une installation de VRC performante et d’en faire bon usage. En utilisant un VRC de façon optimale, vous serez en mesure de contrôler les volumes d’air introduits, de les diriger vers les endroits désirés et de préchauffer l’air extérieur à peu de frais!
À cet effet, il est intéressant de constater que les études sur la qualité de l’air intérieur tendent à démontrer qu’elle est généralement supérieure dans les bâtiments plus anciens, c’est-à-dire dans les bâtiments qui ne sont pas étanches à l’air. Toutefois, cette situation n’est pas souhaitable et comporte son lot de problèmes potentiels dans un climat froid comme le nôtre. L’exfiltration et l’infiltration d’air à travers les éléments d’enveloppe sont fréquemment en cause pour expliquer les problèmes de condensation et de moisissures. Ils sont une source d’inconfort et affectent grandement la consommation d’énergie d’un bâtiment.
Il faut aussi savoir que l’air extérieur est chargé d’un nombre important de polluants, smog, particules fines, allergènes, etc. On en vient à se demander si c’est une bonne idée de faire entrer l’air extérieur. Les VRC sont souvent munis de filtres à particules plutôt rudimentaires, bien que certains modèles offrent maintenant des options de filtration plus avancées. Si vous voulez optimiser la qualité de l’air de votre bâtiment, par précaution, ou si vous souffrez d’allergies par exemple, il est toujours possible d’ajouter des filtres à haute performance (HEPA) sur vos conduits d’entrée d’air. Les systèmes de chauffage à air pulsé sont fréquemment dotés de ces filtres plus performants, qui sont simplement ajoutés au conduit principal du retour d’air.
C’est en visitant plusieurs projets qu’on se rend compte que le problème des VRC est omniprésent sur les chantiers. Le Code de construction est pourtant clair et relativement simple à propos des performances minimales que devrait fournir l’installation de ventilation principale de votre habitation.
Balancement des volumes d’air
La première exigence qui devrait être mieux appliquée quant aux VRC concerne le balancement des volumes d’air introduits versus les volumes d’air extraits. On veut ici éviter les écarts de pression extrêmes qui peuvent être nocifs pour les composantes du bâtiment et pour les occupants. Concrètement, une pression négative importante peut faire entrer du radon plus qu’elle en fait sortir, par exemple. À l’inverse, une forte pression positive pourrait être une source de condensation dans les vides de construction, causant moisissures et dommages aux matériaux organiques.
Pour arriver à mieux contrôler les volumes d’air, l’installation devrait au minimum comporter des clés de balancement sur ses conduit d’alimentation et d’extraction afin de pouvoir en contrôler les débits. Jusque-là, c’est relativement simple.
Il faut donc s’assurer que le travail de balancement est fait. Rien de plus simple que de demander à votre spécialiste en ventilation qu’il fournisse le rapport de balancement. À tous ceux qui vous répondront que l’appareil est calibré en usine : rappelons que chaque installation aura une configuration relativement unique et que c’est à cette configuration que l’installateur devra ajuster les débits d’air.
Configuration des conduits
Ce n’est pas tout de vouloir balancer le système. La configuration des conduits devra permettre une performance minimale autant en aspiration qu’en évacuation si l’on souhaite pouvoir évacuer l’air vicié, l’humidité, et faire entrer l’air frais avec un volume équivalent. C’est ici que ça se complique.
On constate que bien des installations contiennent beaucoup trop de conduits et de déviations, rendant les systèmes complètement inefficaces. Les conduits flexibles mal installés sont trop fréquemment la norme : des conduits pendants, des coudes tournés trop serrés, des conduits écrasés ou non supportés, etc.
Bref, lorsqu’on est devant le fait accompli et qu’on souhaite équilibrer les volumes d’air d’un système initialement mal configuré, il y aura tellement de restrictions causées par les conduits que les VRC finiront par tourner dans le vide. Ceci étant dit, il est possible d’avoir un impact positif sur le rendement des VRC simplement en s’intéressant à la configuration des systèmes.
Étude de cas
Voici une étude de cas bien réelle où nous avons analysé la performance d’une installation de VRC, ou plutôt l’absence de celle-ci… Dans ce contexte, la configuration de l’installation a clairement été mise en cause pour expliquer une restriction importante au niveau de l’appareil, rendant toute tentative de balancement du système improbable.
Pour le cas à l’étude, les deux salles de bain ventilées avec le VRC sont superposées à l’arrière de la maison, les entrées et sorties d’air sont aussi disposées à l’extrémité arrière de l’immeuble. Seul le VRC se retrouve à l’avant. Voir le schéma :
Le VRC est positionné à l’arrière de la maison au sous-sol, près du réservoir d’eau chaude. Cet emplacement se situe directement sous la salle de bain du rez-de-chaussée, près du mur de fondation où l’on positionnera les entrées et sorties d’air en rive du plancher. Voici le scénario proposé :
Malgré tous les avantages que nous constatons à l’utilisation du VRC, ce dernier n’a toujours pas la cote. C’est un oublié, on le néglige et il passe à la toute fin des priorités, et ce, tant auprès des acheteurs que des constructeurs. Bien souvent, les propriétaires n’ont aucune idée du mode de fonctionnement de ces appareils, qui sont soit laissés inactifs ou en fonction tout au cours de l’année dans des conditions non optimales. Un travail de sensibilisation important reste à faire à l’égard des VRC, gageons que nous n’avons pas fini d’en parler!