Le ministre des Finances du Québec, monsieur Éric Girard, a présenté, le 12 mars dernier, le Budget 2024-2025.
L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) est déçue de constater que le gouvernement du Québec n’a inclus aucune mesure forte afin de stimuler les mises en chantier, même si celui-ci reconnaît que le déséquilibre entre l’offre et la demande de logements s’accentue, d’où la nécessité d’accélérer la construction résidentielle.
Certes, le gouvernement du Québec investira 1,8 milliard de dollars pour construire 8 000 logements sociaux et abordables sur cinq ans, mais cette initiative, financée à 50 % par le fédéral avait déjà été annoncée en novembre.
Un peu de stimuli pour la rénovation
Sinon, il y a très peu de mesures dignes de mention qui touchent le secteur de l’habitation dans ce budget. Deux d’entre elles concernent la rénovation. Le gouvernement investira 37,9 millions de dollars sur trois ans pour financer le Programme d’adaptation de domicile, et 153,3 millions de dollars sur quatre ans pour financer la rénovation d’habitations à loyer modique. Le Budget annonce également un réinvestissement de 200,8 millions de dollars sur trois ans pour poursuivre l’aide au logement à travers le programme Allocation-logement.
Poursuite de l’offensive formation en construction
Par ailleurs, le gouvernement investira 126 millions de dollars supplémentaires pour accroître la main-d’œuvre disponible et la productivité dans l’industrie de la construction. De cette somme, 111 millions de dollars sur deux ans sont destinés à attirer de la main-d’œuvre dans l’industrie en poursuivant l’offensive formation en construction à la suite du succès obtenu lors de la première phase. L’autre 15 millions de dollars servira à encourager l’innovation et la productivité dans l’industrie.
Ce que l’APCHQ aurait souhaité
Pour doper la construction, l’APCHQ espérait vivement l’exemption de la TVQ sur les habitations locatives neuves. Toutefois, le gouvernement n’a pas retenu cette proposition, malgré le fait que presque toutes les provinces canadiennes, ainsi que le fédéral, ont convenu de le faire. Malheureusement, le Québec fait donc bande à part à ce chapitre.
Les autres recommandations prébudgétaires de l’APCHQ en vue de répondre à la crise du logement, formulées conjointement avec d’autres importants acteurs de l’industrie, visaient la mise en place :
- d’un plan d’action gouvernemental en habitation avec des cibles, des actions à court terme et des chantiers pour définir des mesures porteuses à moyen et à long termes;
- d’un fonds d’infrastructures gouvernementales et municipales pour aider les municipalités à financer les infrastructures requises à la croissance de leur parc de logements;
- de mesures favorisant l’accession à la propriété;
- de crédits d’impôt à la rénovation du parc locatif privé.
Un déficit d’habitations qui va s’aggraver
Rappelons que, selon les estimations de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), si la tendance se maintient, le Québec aurait besoin de construire 1,2 million de logements d’ici 2030 pour ramener l’abordabilité sur le marché du logement au Québec. Pour y arriver, il nous faudrait ni plus ni moins que tripler le rythme des mises en chantier annuelles d’ici là.
Le gouvernement provincial compte sur une baisse des taux d’intérêt pour accélérer la construction résidentielle cette année et l’an prochain. Pourtant, leurs prévisions tablent sur une relance bien timide de seulement 10 % en 2024 (42 700 mises en chantier) et de 2 % en 2025 (43 700 mises en chantier). Nous sommes très loin du compte.
Dans ce contexte, le déficit d’habitations va continuer de se creuser, ce qui créera d’autres pressions importantes sur les loyers et le prix des propriétés.
Les attentes sont maintenant tournées vers le dépôt du prochain budget fédéral, qui aura lieu le 16 avril.