Le 25 janvier dernier, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) dévoilait son rapport sur les consultations concernant l’état des lieux et la gestion des résidus ultimes.
C’est donc 189 mémoires et 585 documents qui ont été déposés aux commissaire et le rapport du BAPE compte plus de 600 pages! Le rapport s’appuie sur la collaboration de plus de 500 participants, dont l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).
En effet, comme nous l’avions mentionné ici même en juin dernier, l’APCHQ avait participé aux consultations le 27 avril 2021 en déposant un mémoire conjoint avec le Regroupement des récupérateurs et des recycleurs de matériaux de construction et de démolition du Québec (3R MCDQ), l’Association de la construction du Québec (ACQ) et le Conseil du bâtiment durable du Canada.
Le constat
Le constat du rapport est le suivant : la quantité de déchets éliminés par habitant en 2019 s’élevait à 724 kg alors que les objectifs gouvernementaux visent 525 kg pour 2023. Le rapport conclut même que l’atteinte de cet objectif est « improbable ». En ce sens, nous devrons certainement continuer de faire usage des lieux d’enfouissement pour plusieurs années. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle le BAPE a été mandaté par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. On y constate notamment que les lieux d’enfouissement sont responsables de 3 % de l’ensemble des gaz à effet de serre (GES).
Le coût économique n’est certainement pas à négliger. La gestion des matières résiduelles correspond à un coût net de 785 M$, soit l’équivalent en moyenne de 93 $ par habitant, comme le précise le rapport. Toutefois, ces coûts ne reflèteraient pas l’entièreté des externalités. C’est pourquoi les commissaires proposent que l’augmentation future de la redevance à l’élimination en soit un meilleur reflet. Des sommes, comme le suggère le rapport, qui devraient servir à financer, entre autres, des projets visant la réduction de débris à éliminer.
La construction résidentielle a d’ailleurs certainement un rôle à jouer. Le rapport précise que plus de 3 millions de tonnes de débris de CRD sont produits chaque année, et que seulement 1,8 million de tonnes de ces déchets transiteraient par un centre de tri. C’est donc dire que plus de 1,2 million de tonnes de CRD sont envoyées directement à l’enfouissement, ce qui représente 22 % de l’ensemble des résidus ultimes au Québec.
En considérant que sur les 38 lieux d’enfouissement technique (LET) que comporte le Québec il y en aura neuf qui auront atteint leur pleine capacité d’ici 2030 et 13 autres d’ici 2040, il faudra certainement trouver des alternatives. Toutefois, l’acceptabilité sociale pour l’ouverture de ces sites devient de plus en plus difficile. D’ailleurs, comme le souligne le rapport, il sera de plus en compliqué de convaincre une portion de la population d’une municipalité d’accepter des déchets provenant d’une région voisine alors que la population augmente.
Le défi
Le défi de notre industrie pour éviter l’enfouissement demeure certainement celui du tri en chantier. S’il semble tout à fait simple de trier pour mettre les bons matériaux dans les bons compartiments, les contextes des chantiers demeurent toutefois tous différents les uns des autres. En premier lieu, nous pouvons certainement mentionner la différence entre la construction neuve et la rénovation. Lors d’un projet de rénovation, le tri en chantier pourrait impliquer un processus de déconstruction plutôt que de démolition.
Pour décourager l’enfouissement, il est recommandé de miser sur des mesures plus coercitives, par exemple des pénalités qui pourraient forcer le tri en chantier. Les commissaires soulignent que des mesures particulières devraient être prises rapidement concernant le gypse et le bardeau d’asphalte considérant les impacts importants qu’ils soulèvent. Le rapport précise qu’on devrait favoriser leur tri en amont pour éviter la contamination des autres CRD et ainsi conserver la valeur des matières récupérées. Il est aussi mentionné que la collecte séparée pour l’ensemble des CRD serait à « privilégier ». On insiste aussi sur l’implantation d’une responsabilité élargie des producteurs (REP) pour le gypse et le bardeau d’asphalte, une mesure qui existe pour les pneus, ou encore les écofrais pour le matériel informatique.
Afin de bien saisir la réalité du tri en chantier, l’APCHQ a décidé de mettre de l’avant un projet d’étude ayant pour objectif de documenter les conditions gagnantes permettant une augmentation des matières récupérées, et de calculer les réels impacts du tri à la source.