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Le taux de propriété est en baisse au Québec, pour la toute première fois

Écrit par Paul Cardinal

Au Québec, le taux de propriété (proportion des ménages privés propriétaires de leur logement) s’établissait à 59,9 % en 2021. C’est ce que nous apprend Statistique Canada qui vient de publier une série de données relatives au logement tirées du dernier recensement. Cinq ans plus tôt (Recensement de 2016), le taux de propriété dans la belle province s’élevait à 61,3 %. Il s’agit donc d’un recul de 1,4 point de pourcentage. Soulignons que c’est la toute première fois depuis que les données à cet effet sont disponibles (1971) qu’on observe une diminution de la proportion de ménages propriétaires au Québec (voir Tableau 1).    

Au Canada, le taux de propriété a diminué lui aussi entre les deux derniers recensements, passant de 67,8 % en 2016 à 66,5 % en 2021. Il s’agit d’une deuxième diminution consécutive, le taux de propriété ayant culminé à 69 % en 2011. Par ailleurs, Statistique Canada rapporte que le taux de propriété de 66,5 % classe le Canada au 23e rang parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). À titre comparatif, la moyenne de l’OCDE à ce chapitre est de 71,5 %. Aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France, les taux de propriété sont respectivement de 65,5 %, 67,3 % et 61,7 %.

Le Québec, bon dernier

Encore une fois, parmi toutes les provinces canadiennes, c’est au Québec que la proportion de ménages vivant dans un logement occupé par le propriétaire est la plus faible (voir Tableau 2). Même dans des provinces où les logements sont beaucoup plus dispendieux qu’ici, comme la Colombie-Britannique et l’Ontario, les taux de propriété sont significativement plus élevés (66,8 % et 68,4 % respectivement), ce qui semble paradoxal.   

Recul dans toutes les régions métropolitaines

Le Tableau 3 montre qu’entre 2016 et 2021, le taux de propriété a diminué dans les six régions métropolitaines de recensement (RMR) de la province, sans exception. Malgré un recul de 1,8 point de pourcentage depuis cinq ans, Gatineau demeure la RMR qui affiche la plus forte proportion de propriétaires, avec 64,6 % des ménages qui possèdent leur logement. À l’inverse, c’est dans la RMR de Montréal que le taux de propriété est le plus faible, avec 54,4 %, quoique la RMR de Sherbrooke n’est pas très loin, avec 54,8 %.

On remarque finalement que c’est la RMR de Québec (58,3 %) qui laisse voir la détérioration la plus marquée, soit une baisse de 1,9 point de pourcentage du taux de propriété en cinq ans.

Les jeunes écopent davantage

Sans surprise, la baisse du taux de propriété est plus manifeste chez les jeunes ménages. Le Tableau 4 montre l’évolution du taux de propriété entre 2016 et 2021 au Québec selon l’âge du principal soutien du ménage. On y constate que le taux de propriété a reculé dans toutes les tranches d’âge, mais que la diminution la plus prononcée, de 1,8 point de pourcentage, se situe dans le groupe des 25 à 34 ans. Ceci est certainement attribuable à une question d’abordabilité.

L’abordabilité à son pire niveau en plus de 30 ans  

Statistique Canada attribue principalement le recul du taux de propriété au Canada à l’augmentation du nombre de migrants, au vieillissement de la population et à une plus forte proportion de personnes vivant dans les centres urbains.

Pourtant, l’abordabilité y a forcément joué un rôle également. Au Québec, entre 2016 et 2021, l’abordabilité s’est dégradée selon l’indice d’accessibilité de la RBC Banque Royale. La croissance effrénée des prix n’a donc pas été complètement compensée par l’augmentation des revenus et la baisse des taux hypothécaires durant cette période.     

Mais puisque les taux hypothécaires sont en forte hausse depuis un peu plus d’un an, le prochain bulletin de l’indice d’accessibilité de la RBC (pour le 2e trimestre de 2022) laissera voir que l’abordabilité au Québec est à son pire niveau depuis le début des années 90. Ainsi, l’APCHQ croit que le taux de propriété est nécessairement appelé à diminuer davantage. Ce sont bien sûr les jeunes ménages souhaitant acheter leur première propriété qui écopent le plus. S’il n’y a pas bientôt de nouvelles mesures pour favoriser l’accession à la propriété, c’est toute une génération qui voit ses chances considérablement diminuées de pouvoir investir dans le marché immobilier et ainsi d’acquérir un actif qui génère une certaine richesse.

Pour connaître certaines des recommandations de l’APCHQ concernant des mesures susceptibles de favoriser l’accession à la propriété, consultez la plateforme électorale provinciale de l’APCHQ.      

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Paul Cardinal

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