RBC vient de publier son étude sur les tendances immobilières et l’accessibilité à la propriété pour le deuxième trimestre de 2021 qui confirme ce dont plusieurs se doutaient : il est de plus en plus difficile d’acquérir une propriété.
RBC a construit un indice pour mesurer l’accessibilité qui peut se résumer à la part du revenu médian avant impôt devant être consacré aux versements hypothécaires, à l’impôt foncier et au paiement des services publics inhérents à l’achat d’une maison individuelle ou d’un appartement en copropriété dont le prix équivaut au prix courant médian du marché. RBC ajoute une mesure globale comprenant ces deux types d’habitations.
À l’échelle canadienne, la mesure d’accessibilité à la propriété s’est accrue de 2,7 points de pourcentage par rapport au précédent trimestre pour atteindre les 45,3 % (autrement dit, 45,3 % du revenu médian sert à couvrir les dépenses pour l’achat d’une propriété médiane). Il s’agit de la plus forte détérioration en plus de trois décennies. De plus, puisque la mesure moyenne depuis 1985 se situe à 40,7 %, le rêve d’accéder à la propriété s’avère particulièrement difficile en ce moment. Pour ce qui est des endroits où l’accession à la propriété est la plus ardue, ce sont sans surprise les villes de Vancouver et de Toronto qui remportent la palme. Pour la première, la mesure se situe à 63,5 % alors que pour la deuxième, elle est de 59,1 %.
Quand on se compare, on se console…un peu
Ces mesures sont encore loin devant le Québec, mais la situation n’est pas non plus sans problèmes ni inquiétudes. À Montréal, la mesure globale de RBC se chiffre à 38,4 %, en hausse de 1,8 point de pourcentage. La moyenne est de 37,3 % et la baisse d’activité du marché constatée après la hausse record du début de l’année a été plus grande qu’ailleurs. Néanmoins, les propriétés sur le marché de la revente se font rares à cause de la demande élevée et du faible nombre de nouvelles inscriptions.
En parallèle, plusieurs ménages s’endettent au maximum de leurs capacités, faisant craindre des années difficiles à venir. Pour ce qui est de la ville de Québec, les prix ont peu augmenté, de sorte que la mesure globale d’accessibilité se chiffre maintenant à 25,1 %, en dessous de sa moyenne de 29,1 %. Bien que la ville connaît sa première hausse en un an et demi et que là aussi, il manque de propriétés sur le marché, elle traverse une période encore relativement avantageuse pour les acheteurs. Enfin, une variante de la mesure ne prenant en compte que les versements hypothécaires donne des résultats aux alentours de 20 % pour Sherbrooke et de 15 % pour Trois-Rivières.
Comme RBC le souligne, la demande pour les habitations spacieuses a considérablement augmenté durant la pandémie. L’accès à une maison individuelle s’est naturellement complexifié du fait de son important gain de popularité. La mesure d’accessibilité pour ce genre de propriété était de 49,7 % au Canada, 40,9 % à Montréal et 27,1 % à Québec. Les appartements en copropriété sont, quant à eux, encore relativement accessibles. La mesure était de 32,6 % pour le Canada, 28,4 % pour Montréal et 16,7 % pour Québec.
Et le manque d’offre dans tout ça?
Il est vrai que la forte demande a eu un rôle à jouer dans la dégradation de l’accessibilité au logement, mais l’offre insuffisante en est certainement la plus grande responsable. L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) estime que pour tout le Québec, il manque environ entre 40 000 et 60 000 logements. La construction de ces habitations serait le seul moyen d’enrayer efficacement et durablement la hausse des prix. Nous nous sommes déjà penchés sur la question dans un précédent billet de blogue. En résumé, un environnement favorable à la construction résidentielle pouvait être instauré en allégeant les contraintes réglementaires, en accélérant le traitement des permis, en diminuant les charges publiques et en favorisant la densification.
En somme, l’accessibilité à la propriété s’est beaucoup dégradée au Canada récemment, mais quelques solutions visant à offrir plus de logements pourraient résoudre la problématique. Il ne nous reste qu’à œuvrer pour qu’elles deviennent réalité au plus tôt, sinon, devenir propriétaire deviendra un rêve toujours de plus en plus inatteignable.
Références :
Rapport de RBC sur le logement au Canada de septembre 2021 : Les acheteurs canadiens pâtissent d’une détérioration rapide de l’accessibilité – PDF (contently.com)
Billet de blogue sur l’offre de logements : Pour contrer la surchauffe immobilière, il suffit d’augmenter l’offre! | Québec habitation (quebechabitation.ca)