Crédit photo principale : Hao Yin
Nous vivons une crise du logement historique qui requiert des actions concrètes et immédiates.
Nous nous dirigeons vers la baisse de mises en chantier résidentielles la plus prononcée depuis 1995, alors que l’une des manières de réduire de façon durable la surchauffe immobilière est d’augmenter l’offre. Nous devons tous travailler ensemble. Plus que jamais, il faut insister pour établir une action résolue et concertée face à la crise en habitation.
Le Québec fait face au plus bas taux d’inoccupation enregistré en plus de 20 ans. Il se situe à 1,7 % au Québec, un creux préoccupant puisqu’un marché en équilibre se situe autour de 3 %, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
Pour retrouver cet équilibre et faire face aux défis démographiques, ce sont 100 000 unités de logement qui doivent être livrées à court terme au Québec selon l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), et 620 000 d’ici 2030, selon la SCHL.
Tous s’entendent pour dire que la pénurie d’habitations est responsable de l’envolée du prix des logements locatifs et de la difficulté d’accéder à la propriété. Selon l’Indice d’accessibilité de la RBC Banque Royale, la proportion du revenu médian avant impôt qu’un ménage doit consacrer à ses versements hypothécaires, aux taxes foncières et aux services publics est à un sommet de plus de 30 ans. Et selon la Banque Scotia, l’abordabilité de l’habitation est mise à mal partout au pays, tant pour l’accès à la propriété que pour les ménages locataires, dont 10 % ont des besoins impérieux en matière de logement. De plus, le taux de propriété a baissé pour la première fois depuis que ces données sont recensées, et ce, particulièrement chez les jeunes ménages.
Au cours des derniers mois, nous avons tous partagé aux différents paliers de gouvernement nos constats concernant l’envergure de la crise et la transversalité de ses causes.
Le financement du logement social, l’aide au logement abordable à but non lucratif ou durable, l’adoption de mesures favorisant la capacité de se loger sans aide publique incluant la prise en considération de la croissance des coûts de construction et de l’effet du ralentissement de l’offre en raison des coûts de financement à la suite de la pandémie, la grande nécessité de réaliser des travaux d’infrastructures permettant le développement résidentiel en contexte de crise climatique, la protection et la rénovation du parc locatif actuel, la mise en place de réglementation municipale incitative aux investissements dans l’immobilier résidentiel, voilà autant d’enjeux auxquels nous devons apporter des réponses.
Pour diminuer les impacts sur les ménages québécois, nous avons tous recommandé au gouvernement du Québec différentes mesures et pistes de solution. Cela dit, devant les nombreuses causes qui accentuent de jour en jour les effets de la crise, nous joignons nos voix afin de réclamer que soit réuni l’ensemble des décideurs pour que d’abord ceux-ci prennent la pleine mesure de la gravité de la situation, identifient ensemble les freins et adoptent une feuille de route commune incorporant des actions concertées avec des cibles et un échéancier à respecter.
Le temps presse. De nombreux ménages se retrouveront sans logement. Des jeunes devront renoncer à leur projet d’études dans nos cégeps et universités faute de trouver un logement abordable dans les villes étudiantes du Québec. Des entreprises verront leur croissance freinée.
Nous savons que le gouvernement caquiste ainsi que la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, sont sensibles à tous ces enjeux. Nous collaborons étroitement avec cette dernière et souhaitons participer à la rédaction du plan d’action. Cependant, il ne s’agit pas uniquement d’une crise du logement. L’habitation est un enjeu qui concerne également les infrastructures, le transport, l’économie, la santé, l’immigration, les aînés, l’itinérance, et donc, qui appelle une approche transversale de votre gouvernement, ses différents ministères, mais également d’autres acteurs.
Nous demandons donc au premier ministre de coordonner rapidement une approche nationale concertée visant une sortie de crise avec tous les acteurs concernés, hors de leurs silos habituels.
L’approche concertée utilisée dans le cadre du projet GALOPH, le Groupe d’accélération pour l’optimisation du projet de l’Hippodrome, nous semble un pas dans la bonne direction. Cette approche devrait, à notre avis, être la même pour réaliser un état des lieux et une vision commune pour contrer la crise.
Aujourd’hui, des milieux qui historiquement se parlaient peu sont désormais unis derrière cet enjeu social, économique, mais surtout, humain. Nous espérons et insistons pour que les décideurs de tous les paliers de gouvernement adoptent la même approche pour relever, ensemble, le défi du logement.
Liste des signataires de l’industrie de l’habitation, du patronat, des groupes sociaux et
des villes (en ordre alphabétique de nom d’organisation)
Sébastien Parent-Durand, Directeur général
Alliance des corporations d’habitations abordables du territoire du Grand Montréal (ACHAT)
Jean-François Arbour, ing., Président
Association de la construction du Québec (ACQ)
Maxime Rodrigue, Président-directeur général
Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ)
Claude Pinard, Président et directeur général
Centraide du Grand Montréal
Karl Blackburn, Président et chef de la direction
Conseil du patronat du Québec
Benoit Sainte-Marie, Directeur général
Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ)
Charles Milliard, Président-directeur général
Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ)
Patrick Préville, Directeur général
Fédération de l’habitation coopérative du Québec (FHCQ)
François Vincent, Vice-président Québec
Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI)
Isabelle Melançon, Présidente-directrice générale
Institut de développement urbain du Québec (IDU)
Véronique Proulx, Présidente-directrice générale
Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ)
Marc Fortin, Président-directeur général
Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA)
Laurent Lévesque, Co-fondateur et directeur général
Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE)
France Bélisle, Mairesse
Ville de Gatineau
Stéphane Boyer, Maire
Ville de Laval
Catherine Fournier, Mairesse
Ville de Longueuil
Benoît Dorais, Vice-président du comité exécutif, responsable de l’habitation, de la stratégie immobilière, des affaires juridiques et des projets stratégiques et maire de l’arrondissement du Sud-Ouest
Ville de Montréal
Bruno Marchand, Maire
Ville de Québec
Guy Caron, Maire
Ville de Rimouski
Daniel Cournoyer, Maire suppléant
Ville de Trois-Rivières
Christian Savard, Directeur général
Vivre en ville