Lors du dernier congrès de l’APCHQ, Audrey Murray, présidente-directrice générale de la Commission de la Construction du Québec (CCQ), a partagé les plans de l’organisation et sa vision pour l’industrie, dans le cadre d’un échange avec la conférencière et journaliste Marie-Claude Lavallée.
Les défis que devra relever l’industrie de la construction sont nombreux dans un contexte marqué par l’élection présidentielle américaine de 2024 et les incertitudes économiques mondiales. Cependant, Audrey Murray voit également des opportunités uniques pour le secteur, notamment dans le domaine de la transition énergétique et de la modernisation des infrastructures.
« Notre secteur (de la construction) est à un moment historique en termes d’impact économique et social, parce qu’on a besoin de nous pour relever de grands défis. »
Des défis démographiques et technologiques
L’un des principaux défis évoqués par Audrey Murray est la diminution du bassin de main-d’œuvre de personnes âgées de 15 à 35 ans au Québec, une tendance qui devrait se poursuivre jusqu’en 2060. Pour faire face à cette réalité, la CCQ mise sur la transformation technologique et l’intelligence artificielle afin de moderniser l’industrie et d’attirer de nouveaux talents.
La diversité et l’inclusion au cœur des priorités
La CCQ a lancé plusieurs initiatives pour diversifier la main-d’œuvre, notamment le Plan d’action de l’industrie de la construction pour l’inclusion des Premières Nations et des Inuits (PACPNI), et a relancé le programme d’accès pour les femmes.
« Je suis très fière du travail qui a été fait. Ce plan d’action a 24 mesures et a été construit avec les représentants syndicaux, patronaux, les Premières Nations, les représentants gouvernementaux, et je pense qu’on a tracé un parcours qui va en permettre la réussite. »
Audrey Murray souligne aussi l’importance de reconnaître les formations et diplômes étrangers pour enrichir le bassin de travailleurs et travailleuses qualifié·e·s.
Un plan stratégique pour l’avenir
Un changement significatif s’est opéré ces dernières années dans le profil des nouveaux et nouvelles apprenti·e·s. Il y a sept ans, 70 % des apprenti·e·s étaient titulaires d’un diplôme d’études professionnelles (DEP), alors que 30 % de ces personnes n’étaient pas diplômées.
« On a inversé la donne ! Depuis cinq ans, on a accueilli 50 000 personnes non diplômées sur nos chantiers. Donc 70 % des apprenti·e·s qui sont rentré·e·s n’avaient pas de diplômes. Et bien sûr, dans notre industrie (pour moi), c’est un changement de donne ! »
Pour augmenter le nombre de travailleurs et de travailleuses qualifié·e·s sur les chantiers, la CCQ a mis en place un plan de cours accélérés et des programmes de formation continue répondant aux besoins spécifiques des entrepreneur·e·s et des travailleurs et travailleuses. En outre, les titulaires d’une attestation d’études professionnelles (AEP) peuvent obtenir un certificat de compétences jusqu’en décembre 2025.
La polyvalence et la flexibilité
La loi sur la modernisation de l’industrie de la construction, entrée en vigueur en mai 2024, offre une flexibilité accrue en matière d’organisation du travail. Cette loi permet aux travailleurs et aux travailleuses d’exercer des tâches variées, ce qui favorise une meilleure adaptation aux besoins du marché, en plus de faciliter leur mobilité à travers les différentes régions, ce qui permet de répartir plus efficacement la main-d’œuvre et de mieux répondre aux besoins des chantiers.
Conformité et inspections
La conformité est au cœur de la mission de la CCQ, selon Audrey Murray. Avec l’augmentation du niveau d’activité et l’arrivée de nombreux nouveaux employeurs, et dans un contexte où l’on trouve une main-d’œuvre importante non diplômée sur les chantiers, la compréhension des règles n’est pas uniforme. Elle a souligné l’importance d’adopter une approche axée sur la prévention, où les inspecteurs·trices miseront sur l’autocorrection en cas de non-compréhension des règles.
Collaboration et agilité
Audrey Murray est convaincue que la CCQ doit agir près du terrain, comme une alliée des entreprises et des travailleurs et travailleuses, en cette période de transformation, privilégiant la collaboration et l’agilité pour assurer la pérennité du secteur de la construction.
