« L’énergie la plus propre est celle qu’on ne consomme pas »
Le Québec s’est engagé à ce qu’en 2030, les émissions de gaz à effet de serre (GES) soient inférieures de 37,5 % à leur niveau de 1990, et vise la carboneutralité (1) en 2050. Nous devrons faire des choix judicieux le plus tôt possible afin d’y arriver. Bien que l’essentiel des émissions de GES provienne du secteur des transports, le secteur du bâtiment, qui représente 10,1 % des émissions (2), doit nécessairement faire partie de la solution. Selon l’État de l’énergie au Québec, un document de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal publié en 2020, les émissions de GES du secteur résidentiel proviennent principalement du chauffage.
La majorité des foyers du Québec se chauffent à l’électricité, et celle-ci est produite presque exclusivement via l’hydroélectricité, une source d’énergie propre et renouvelable. Cela n’est toutefois vrai que pour 81 % d’entre eux, le reste étant composé à 15 % de foyers chauffés au mazout et d’un autre 4 % chauffés au gaz. Ces 19 % de logements sont à l’origine de la majorité des GES émis par les habitations, et c’est donc là que le Québec peut réduire le plus les émissions du secteur. Le gouvernement va interdire les systèmes de chauffage au mazout à compter de 2024 et nous applaudissons cette mesure.
Toutefois, même les habitations québécoises chauffées à l’électricité ne sont pas aussi optimisées qu’elles le devraient pour absorber et retenir la chaleur. Une étude récente de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC (3) concluait qu’Hydro-Québec pouvait récupérer plusieurs térawatts heures (TWh) en économies d’électricité, entre autres en diminuant les besoins de chauffage des bâtiments. L’étude de Voegtlin analyse l’efficacité de l’isolation des propriétés et la présence d’un système de thermopompes. Une meilleure isolation empêche davantage la chaleur emmagasinée à l’intérieur de l’habitation de s’y dissiper à l’extérieur. Quant aux thermopompes, elles peuvent plus efficacement chauffer une habitation à la température désirée.
L’étude des HEC conclut qu’à l’aide d’un programme de prêts gouvernementaux à 0 % pour stimuler les rénovations écoénergétiques et, plus particulièrement, l’étanchéité de l’isolation, nous pourrions dégager des économies d’énergie de l’ordre de 6,4 TWh (4), ce qui correspond à plus de 60 % du contrat de 10,4 TWh signé entre Hydro-Québec et l’État de New York. Autrement dit, nous pourrions encourager la rénovation de notre cadre bâti pour dégager des économies d’énergie, qui pourrait ensuite être exportée.
Puisque la meilleure énergie est certainement l’économie d’énergie, l’APCHQ appuie les recommandations contenues dans le rapport d’étude de Voegtlin et les fait siennes.
Dans le cadre des consultations prébudgétaires 2022-2023, l’APCHQ recommande au gouvernement du Québec de réduire significativement les émissions de GES et améliorer l’efficacité énergétique de nos habitations en :
- Ajustant les politiques incitatives en fonction des bâtiments et des zones climatiques. Le climat dont la rudesse varie d’une région à l’autre et les habitations dont les plus anciennes ont été construites selon des normes moins exigeantes et présentent de l’usure créent des iniquités à prendre en compte lors de l’élaboration de politiques incitatives.
- Priorisant les actions ayant une influence directe sur les besoins de chauffage. L’amélioration de l’isolation et le remplacement des systèmes de chauffage par des thermopompes sont les scénarios aux plus forts potentiels. Plus particulièrement, il faut privilégier la réduction des besoins thermiques. L’amélioration de l’isolation permettrait de fortes économies d’énergie d’environ 6,4 TWh, ainsi qu’une réduction de demande de puissance en période de pointe sur le réseau de distribution d’Hydro-Québec avoisinant les 2 000 MW.
- Mettant en place une politique d’emprunt incitative à la rénovation énergétique. Les ménages entreprendront des travaux seulement si les incitatifs sont suffisamment intéressants pour eux. Les prêts à taux zéro sont un meilleur argument pour les ménages que ceux avec de l’intérêt, d’après le rapport. Le gouvernement devrait se montrer généreux afin de convaincre le plus grand nombre de ménages et ainsi réaliser de plus larges économies d’énergie.