L’acceptabilité sociale est un enjeu prioritaire pour l’APCHQ, particulièrement dans un contexte de densification résidentielle. Un sondage exclusif, réalisé par la firme Léger1, a permis de mieux comprendre les attentes et les préoccupations de la population québécoise, et ses résultats éclairants sont riches en enseignements pour notre industrie.
Une ouverture… mais de la vigilance
Premier constat du sondage : la population québécoise ne rejette pas l’idée de densifier, mais elle souhaite que les projets soient bien encadrés. Les trois principales préoccupations évoquées sont l’augmentation du trafic (29 %), la perte d’espaces verts (22 %) et la crainte d’une surpopulation locale (20 %). Ces enjeux ne sont pas anecdotiques : ils définissent les conditions minimales que les gens souhaitent voir respectées pour appuyer un projet résidentiel de plus grande densité.
Bonne nouvelle : seul·e·s 4 % des répondant·e·s se disent fermé·e·s à tout compromis. La majorité est donc prête à collaborer, à condition que les préoccupations soient prises au sérieux.
Des préférences d’habitation encore traditionnelles
Même si le contexte économique et la crise de l’habitation influencent les mentalités, les Québécois·e·s demeurent attaché·e·s à des modèles d’habitation traditionnels. La maison unifamiliale reste la préférée (34 %), suivie des logements abordables sous le prix du marché (31 %). Les copropriétés, pourtant plus adaptées à la densification, reçoivent encore peu d’adhésion.
Cette tendance a surpris madame Laurence Vincent, présidente de Prével, lors de son intervention au congrès annuel de l’APCHQ. Elle y voit une occasion d’effectuer de l’éducation :
J’aurais aimé penser que, face à la crise climatique et aux besoins criants en habitation, les gens seraient plus ouverts à la copropriété. Mais on voit qu’il faut encore beaucoup dialoguer.
La consultation, un levier incontournable
Autre enseignement du sondage : 82 % des répondant·e·s estiment que la participation citoyenne est essentielle au succès des projets. La consultation ne doit donc plus être perçue comme une contrainte, mais bien comme une étape stratégique.
Comme l’a souligné madame Stéphanie Yates, professeure à l’UQAM, durant le congrès annuel de l’APCHQ, comprendre les oppositions c’est aussi reconnaître les perceptions d’injustice :
Plutôt que de parler du syndrome du « pas dans ma cour », il faut adopter une approche de justice environnementale et comprendre pourquoi certaines communautés se sentent lésées.
C’est dans ce contexte que le gouvernement du Québec a récemment lancé un chantier de travail visant à repenser les règles de la participation citoyenne dans le régime d’aménagement et d’urbanisme. Un comité consultatif, formé de représentant·e·s du milieu municipal et de la société civile, devra formuler des recommandations.
L’APCHQ, qui a accueilli positivement cette annonce, participera activement à la démarche. Depuis plusieurs années, elle réclame en effet une modernisation du cadre législatif et réglementaire en vigueur afin de faciliter des projets en matière d’habitation. Comme plusieurs ont pu le constater à maintes reprises, celui-ci favorise trop souvent l’intérêt particulier, avec le phénomène du « pas dans ma cour », au détriment de l’intérêt collectif et des projets structurants pour les communautés.
À retenir pour notre secteur
Les résultats du sondage, présentés lors du congrès 2024 de l’APCHQ, le confirment : les citoyen·ne·s sont prêt·e·s à appuyer des projets de densification, mais pas à n’importe quelles conditions. En tant que promoteurs et promotrices, entrepreneur·e·s ou partenaires du secteur résidentiel, nous avons tout avantage à intégrer les attentes citoyennes dès la phase de conception. Dialogue, transparence et écoute seront les piliers de projets mieux acceptés… et mieux réalisés !