En décembre dernier, le cabinet du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, M. Benoit Charrette, a confié au Regroupement des Récupérateurs et des Recycleurs de Matériaux de Construction et de Démolition du Québec (3R MCDQ) le mandat d’établir, avec les acteurs du secteur, les bases d’un plan d’action pour favoriser le recyclage des débris issus des chantiers de construction, de rénovation et de démolition (CRD). Des recommandations en ce sens seront transmises au ministre à l’issue des travaux.
L’objectif est d’assurer des débouchés locaux à ces matières, de stabiliser les approvisionnements pour que les entreprises de recyclage et les acteurs de toute la chaîne soient profitables tout en ayant un impact sur la réduction des résidus ultimes envoyés à l’enfouissement.
Mise sur pied de tables de travail
Ainsi, au courant du mois d’août , une table de travail vouée aux panneaux de gypse et une autre aux bardeaux d’asphalte ont été démarrées. Au nombre des participants à ces tabes, notons des fabricants de ces matériaux, des associations représentant des entrepreneurs en construction dont l’APCHQ, des entreprises de collecte de débris sur les chantiers, des centres de tri de CRD, des entreprises qui sont en mesure de réutiliser ou de recycler ces matières, des équipementiers et plusieurs instances gouvernementales concernées. Bref, la majorité des acteurs qui sont en mesure de contribuer à la chaîne de valeurs de ces matières y ont participé.
Un document de mise en situation a été remis aux participants de chacune de ces tables: un document pour le bardeau d’asphalte et un pour la table sur le gypse.
L’hypothèse de départ qui anime les échanges à ces tables est que sans marchés pour ces débris, les efforts déployés resteront vains. Conséquemment, les critères de qualité attendus par les différents recycleurs/utilisateurs de ces matières doivent être bien définis. Ces critères dicteront les façons de faire et les infrastructures à mettre en place en amont de la chaîne afin d’atteindre la qualité recherchée et ainsi générer de la valeur pour ces matières. Ces façons de faire auront inévitablement des répercussions sur les pratiques sur les chantiers de construction.
Le bardeau d’asphalte
Par exemple, en ce qui concerne le bardeau d’asphalte, depuis 2008, des cimenteries utilisent ce bardeau en remplacement de combustibles traditionnels. Ainsi, après conditionnement, la fraction grossière de ce bardeau constituée du papier imbibé de bitume est utilisée comme combustible, et l’autre fraction dite fraction fine constituée de petites pierres et de particules fines est destinée aux usines d’enrobés bitumineux, remplaçant ainsi une partie du bitume et des granulats entrant dans la fabrication des enrobés bitumineux. Pour atteindre la qualité de bardeau recherchée, les cimentiers ont émis des directives aux entrepreneurs en réfection de toiture afin de ségréger le bardeau des autres débris sur leurs chantiers. Entre 2008 et 2013, l’utilisation de bardeaux dans les cimenterieset dans les usines d’enrobés bitumineux totalisait environ 60 000 tonnes par année.
En 2010, la production de bardeau d’asphalte organique (à base de papier) a cessé pour être remplacée par le bardeau fibre de verre. Considérant une durée de vie de 15 à 20 ans du bardeau, vers 2025, le bardeau rebuté des toitures sera majoritairement constitué de bardeau de fibre de verre, lequel suscite moins d’intérêt chez les cimentiers. Par contre, le bardeau fibre de verre est toujours d’intérêt pour les usines d’enrobés bitumineux alors que son contenu de bitume et les granulats sont recyclés dans la production d’enrobés bitumineux. La qualité du bardeau destiné au marché des enrobés bitumineux devra être au moins équivalente sinon supérieure à la qualité demandée en cimenterie où la présence de bois, de papier et du plastique des ballots d’emballage étaient acceptables. On peut déjà anticiper certains ajustements des pratiques sur ces chantiers. On doit reconnaître que sur les chantiers de réfection de toiture, pas moins de 90 % des débris générés sont constitués de bardeaux, et ces chantiers se prêtent bien au tri sur chantier. Recyc-Québec a tout récemment publié le rapport Étude sur la mise en marché et la gestion de fin de vie des revêtements de toitures, qui s’avère très instructif.
Les panneaux de gypse
En ce qui concerne les panneaux de gypse, depuis près de 15 ans, ces débris de gypse sont en partie recyclés par des entreprises comme Recycle Gypse, Gypse du Fjord et Recyclage Gypse Green. Essentiellement, le gypse obtenu de ces activités de recyclage est destiné au secteur agricole, où sont expédiées les quelque 10 000 à 20 000 tonnes qui sont récupérées annuellement. Au-delà de l’utilisation du gypse dans ce secteur, le gypse peut aussi être recyclé dans la fabrication de ciment et, bien évidemment, dans la fabrication de panneaux de gypse. Selon une étude commanditée par Recyc-Québec on évalue à environ 200 000 tonnes par année la quantité de gypse résiduel provenant du secteur des CRD.
Lorsqu’il est éliminé dans les sites d’enfouissement, le gypse entraîne la génération d’hydrogène sulfuré, un gaz malodorant qui contamine les biogaz générés lors de la décomposition des déchets, de sorte que le gypse n’y est pas le bienvenu et certains sites ont émis des consignes limitant la réception de déchets contenant du gypse.
En 2019, un projet parrainé par Recyc-Québec a été réalisé. Des entreprises membres de l’APCHQ y ont participé afin de ségréger directement sur les chantiers les débris de gypse, prévenant ainsi que le gypse soit acheminé pêle-mêle avec les autres débris de construction vers les centres de tri de CRD.
Le projet s’est avéré concluant sur les chantiers de construction neuve et de rénovation qui étaient desservis de conteneurs compartimentés. Outre les chantiers de démolition, les entrepreneurs participants n’ont pas observé de gain ni de perte financière liée au tri à la source en chantier : il s’agit d’un changement d’habitude. La qualité du gypse trié sur chantier en facilite le conditionnement et la réutilisation dans les marchés ci-haut mentionnés. Aussi, étant friable, le gypse déposé pêle-mêle dans les conteneurs souille les autres débris et nuit à leur recyclage.
La table de travail sur le gypse et celle sur les bardeaux d’asphalte produiront sous peu un plan d’action pour favoriser le recyclage des débris issus des chantiers de construction, de rénovation et de démolition. Étant situés au début de la chaîne des acteurs interpellés par ce recyclage, les entrepreneurs en construction seront appelés à y contribuer en adaptant certaines de leurs pratiques sur les chantiers afin de contribuer à l’atteinte des résultats attendus.
Ensemble et en nous concertant, nous pourrons y arriver!
Je compte bien être l’un des plus grand recycleur de bardeaux du Québec !
Avec un plan structuré et précis.
Je suis couvreur de métier depuis 10 ans et entrepreneur en Toiture depuis 4 ans
les citoyens et la planète on besoin de nous !
Merci Richard pour votre engagement, notre industrie a besoin d’encore plus de personnes comme vous!