Avant d’entreprendre la construction ou la rénovation d’une terrasse en bois, vous êtes-vous déjà demandé dans quel sens les planches devraient être installées?
Porter une attention particulière à cet aspect peut favoriser une meilleure pérennité de l’enduit de finition (teinture, peinture), et donc améliorer la qualité du produit livré, et ce, sans en augmenter les coûts.
L’assèchement du bois
Le bois est un matériau vivant qui reste sensible aux variations de taux d’humidité. Dès son abattage, le bois commence un processus de séchage, jusqu’à l’atteinte de son point d’équilibre hygroscopique. L’assèchement du bois fait en sorte que celui-ci subit un retrait. De manière générale, le processus de retrait s’amorce lorsque le bois atteint environ 30 % d’humidité et moins. À partir de ce point, moins le bois contient d’eau, moins important sera son volume.
Lors de l’assèchement du bois, celui-ci subit un rétrécissement sur trois axes :
- Retrait longitudinal
- Retrait radial
- Retrait tangentiel
- Retrait longitudinal
Le retrait longitudinal est le retrait dans le sens des fibres du bois. Ce type de retrait n’est pas considérable lorsque la matière première a été transformée en bois d’œuvre, et ne mérite pas que l’on s’y attarde. Une pièce de 96 pouces (po) de long gardera cette longueur (ou très près).
- Retrait radial
Le retrait radial est beaucoup plus considérable. Il a comme impact de réduire la distance entre les anneaux de croissance de la pièce de bois. Ainsi, pour une pièce dont le débitage a été effectué avec les grains perpendiculaires à son épaisseur, le résultat sera une réduction de l’épaisseur et de la largeur de manière assez symétrique et prévisible.
C’est à cause de ce type de retrait qu’il faut prévoir un retrait dans les murs à ossature de bois, à raison de 1/8 de pouce pour une pièce horizontale. Pour ce qui est du plancher de terrasse extérieure, c’est à cause de ce retrait que l’interstice entre les planches sera plus large après l’installation. Une pièce de 2 po x 10 po mesurera dans les faits environ 1½ po x 9¼ po.
- Retrait tangentiel
Le troisième type de retrait est celui qui retient notre attention : le retrait tangentiel.
Ce retrait causera une déformation des planches pour lui donner un profilé concave (en « sourire » ou en « u ») ou convexe (en « baboune » ou en « n »). Pour illustrer le phénomène, imaginons que les anneaux de croissance se contractent, comme un élastique sur lequel on libère la tension. Plus la courbe de l’anneau est longue sur une pièce, plus le retrait sera considérable.
L’installation dans le sens inverse aura l’effet contraire. Les planches auront une déformation concave et leur forme en « u » agira tel un réceptacle, ce qui laissera l’eau stagner sur la surface tant que le vent et le soleil ne l’auront pas asséché.
Lorsque les planches sont installées avec les anneaux décrivant une forme en « sourire », les fibres les plus longues se retrouvent dans la partie inférieure, alors que les fibres les plus courtes sont sur le dessus. Il en résulte que les côtés des planches seront tirés vers le bas, et la planche se déformera de manière convexe. Les précipitations glisseront alors plus facilement des planches et seront évacuées par les interstices créés par le retrait radial.
Les préférences de l’auteur
Comme démontré dans le schéma 1, pour les pièces de bois provenant des coupes radiales (A et B), il est préférable d’installer les pièces avec le plus beau côté exposé (vers le haut).
Par contre, les pièces tangentielles (C) auraient préférence à être installées de manière à ce que les anneaux présentent un « sourire ».
Les planches ont toutes subi la même exposition. Pourtant, une seule a conservé sa teinture. Il s’agit de la seule planche installée en « sourire », et qui a subi une déformation convexe permettant l’évacuation de l’eau.
Autre élément non négligeable pour la pérennité du bois ainsi que du produit de finition qui sera appliqué en surface : l’utilisation de fixations dissimulées. Lorsque les planches sont vissées ou clouées sur le dessus, cela permet à l’eau de pénétrer dans le bois, et d’attaquer la peinture ou la teinture par l’intérieur.
Finalement, puisque le bois absorbe l’humidité jusqu’à 250 fois plus rapidement par les bouts, le traitement des coupes d’extrémité a également un impact majeur pour retarder le vieillissement de la finition.
La somme de ces trucs de pros constitue les petits détails qui font la différence entre une belle terrasse nécessitant des travaux d’entretien réguliers, et une belle terrasse durable exigeant des cycles d’entretien normaux, plus espacés. En conclusion, mieux vaut que le temps passé sur une terrasse soit pour se reposer, et non pour l’entretenir!
