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Entrevue avec la Ministre Andrée Laforest

Écrit par Isabelle Boucher

Des délégués de l’APCHQ ont rencontré la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, afin de discuter de plusieurs enjeux importants de l’industrie, notamment la rénovation du parc immobilier, le projet de loi 16, la formation continue et l’allègement réglementaire.


Q : Quelle est votre vision en matière de politique d’habitation pour le Québec, notamment pour encourager l’accession à la propriété et la rénovation du parc immobilier résidentiel?

R : L’habitation est un secteur essentiel pour le développement économique du Québec. J’ai une grande vision pour l’habitation. Je veux que tous les Québécois soient bien logés, c’est ma priorité, mais en même temps, nous sommes en mode rattrapage. À notre arrivée en poste, par exemple, on s’est rendu compte qu’il y avait 15 000 unités de logements sociaux non livrées. J’ai le soutien de mon gouvernement, et ça aide beaucoup, car si je n’avais pas d’écoute de leur part, les montants en habitation, je ne les aurais pas. Pour le secteur de l’habitation, on a eu 466,7 millions $ de la part du ministère des Finances dans le budget. Depuis un an, on prend les moyens pour livrer, dans le cadre du programme Accès Logis seulement, 260 millions $ pour l’ajustement des coûts admissibles pour la construction. Il s’agit d’un énorme rattrapage. En ce qui concerne les copropriétés, on a tout de suite travaillé sur une réforme avec le projet de loi 16. On a également aidé afin que les jeunes familles puissent continuer à bénéficier d’un crédit d’impôt de 750 $ pour favoriser l’accès à la propriété. L’uniformisation de la taxe scolaire a aussi été un bon coup de pouce. Maintenant, je veux considérer le secteur privé; les logements locatifs privés, j’en fais une priorité. Je veux vraiment que l’on construise des immeubles locatifs dans le secteur privé.

Q : Est-ce qu’on peut dire que les Forums Habitation Québec sont l’occasion de faire un état des lieux, de faire une série de constats, de voir où on en est au Québec?

R : Les Forums sont une bonne initiative, et l’apport de l’APCHQ sera vraiment important. Vous êtes l’un des acteurs principaux de l’industrie. Les Forums vont nous aider à voir où on doit agir principalement, l’habitation est autant sociale que privée, il faut respecter ça. Je pense qu’il faut voir le tout globalement.
Actuellement, on a des demandes qui vont dans tous les sens. Vous comprendrez que l’on ne peut pas donner suite à tout, et en même temps. Nous sommes pragmatiques. Il y a beaucoup à faire, je le dis depuis mon entrée en poste. Ainsi, je veux me pencher sur un plan. Les Forums Habitation Québec vont nous aider à documenter les enjeux et à faire des choix.

Q : Le projet de loi 16 a récemment été adopté. C’est une avancée importante pour la saine gestion de logements détenus en copropriété au Québec. Plusieurs ont salué votre leadership dans le dossier et votre ouverture au dialogue. Quelles sont les principales améliorations apportées par le PL 16 selon vous, notamment pour assurer la confiance des consommateurs envers ce type d’habitation?

R : On parle de 12 % du marché de l’habitation. C’est vraiment important. Ça fait des décennies que l’on a des problèmes, et nous avons agi. Nous avons dit c’est assez, notre parc immobilier est vieillissant, si on ne le fait pas là, qui va le faire et quand? C’était urgent de le faire. On est toujours en mode rattrapage. La prévention, c’est ça qui compte. On a besoin de ça pour les copropriétés, ça a tout de même été bien accepté par l’industrie. Je pensais que les syndicats de copropriétaires allaient se manifester pour dire si ça va être lourd, que les obligations seront plus grandes. Ce n’est pas ça du tout qui s’est produit, et je crois que c’est parce que nous étions mûrs pour une réforme. Nous, on est allés de l’avant. On a donc obligé les syndicats de copropriétaires à se doter d’un fonds de prévoyance, d’un carnet d’entretien. On donne quand même de la latitude, on donne dix ans pour renflouer le fonds de prévoyance et, en même temps, on demande une étude faite par un professionnel avec la remise d’une attestation. Certains avaient peur des coûts, mais pour moi, ce ne sont pas des coûts, ce sont des investissements. Quelques dizaines de dollars par mois pour garder de bonnes fenêtres, un bon stationnement, des lieux vraiment convenables, ce n’est pas exagéré, c’est un investissement.

Q : La suite logique au projet de loi 16 en matière de protection du public nous amène à aborder la question des plans de garantie. Quelle est votre position concernant une réforme du cadre actuel?

R : Concernant le plan de garantie, vous comprendrez que je travaille avec la Régie du bâtiment du Québec (RBQ). Il y a des évaluations et des analyses qui sont faites, et je vais laisser la Régie travailler sur ce dossier. Mais il y a d’autres aspects du cadre de fonctionnement de l’industrie qui doivent être regardés. Par exemple, actuellement, je fais le tour des régions, je rencontre tous les maires et mairesses, je suis en train d’évaluer un code unique en considérant que les municipalités sont autonomes et décident de ce qu’elles veulent, évidemment. J’ai hâte de voir les résultats avec la RBQ. Puis, il y a également des discussions avec le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, au sujet des changements climatiques. Il est certain que ce que l’on veut, et je travaille avec la RBQ également pour cela, ce sont des bâtiments plus efficaces sur le plan énergétique. On est vraiment proactifs, on a une belle vision, on voit que l’on va plus loin maintenant. Je me réjouis de travailler conjointement avec le ministre de l’Environnement pour mieux faire reconnaître la contribution de l’habitation aux enjeux environnementaux.

Q : À votre demande, la RBQ va instaurer un régime de formation continue pour les entrepreneurs en construction au Québec. Pouvez-vous nous en dire plus?

R : On a travaillé très rapidement, il y a des formations qui vont se décider, ça va se faire par règlement. Avec le règlement déposé avant les fêtes, on a rendu obligatoire une formation continue pour la plupart des entrepreneurs. Avant de l’exiger, il a fallu rencontrer tout le monde. Je suis celle qui veut rassembler les gens, les écouter, puis aller de l’avant. C’est ma méthode de travail. Je suis sensible à la réalité des entrepreneurs en construction du Québec. C’est pourquoi nous avons tenu compte, lors de l’élaboration du règlement, des enjeux que peuvent vivre les entrepreneurs. Par exemple, la formation continue devrait pouvoir se faire les fins de semaine, dans des colloques ou des forums. C’est important de ne pas bousculer l’industrie.

Q : Et concernant l’entente fédérale sur la stratégie nationale de l’habitation?

R : Je suis très positive. Sur trois demandes, deux ont été réglées avant les élections. Il en reste une à régler, le respect de la compétence provinciale, qui est tout à fait légitime. J’aurai bientôt une rencontre avec le ministre Duclos, qui a négocié avec moi et mon homologue fédéral. En 2020, si on a la collaboration des instances fédérales, ça devrait aller rondement, je le souhaite.

Q : La lourdeur des politiques locales de développement est un irritant connu. Contrairement aux paliers de gouvernement supérieurs, les villes n’ont pas de politique d’allègement réglementaire. Elles appliquent même, à l’égard des petits immeubles résidentiels, des codes de construction différents d’une ville à l’autre, et parfois aucun. De quelle manière vous attendez-vous que les villes participent à l’exercice d’allègement réglementaire annoncé par le gouvernement?

R : Première chose, les villes sont autonomes, et je respecte vraiment leur autonomie. Deuxièmement, mon collègue Pierre Fitzgibbon fait actuellement des consultations au sujet de l’allègement réglementaire dans l’industrie de la construction. Troisièmement, la RBQ travaille aussi depuis un an pour diminuer la paperasse. Alors, on a vraiment les acteurs clés qui travaillent sur le dossier. En tant qu’ancienne entrepreneure, je peux vous dire que de la paperasse, on en a dans tous les secteurs. Je suis tellement d’accord avec le ministre Pierre Ftizgibbon. Je dis go, on le fait, et ça va être encourageant pour les entrepreneurs!

Q : Les principaux acteurs de notre industrie vont recevoir cette publication. Quel message voulez-vous que notre industrie retienne en ce début d’année?

R : Je les écoute, je suis présente et je comprends le domaine de l’habitation. On travaille ensemble, on est vraiment des partenaires, je ne suis pas là pour dire quoi faire, je suis là pour essayer de faire avancer les choses autant pour le logement social, le logement privé, l’accès à la propriété et les grands projets. On a eu un bon début de mandat. J’ai hâte de poursuivre la collaboration amorcée avec tous les partenaires.

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Isabelle Boucher

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