L’Indice du prix des logements neufs[1] (IPLN) de Statistique Canada vient d’enregistrer une hausse record le mois dernier au Québec.
De mai 2020 à mai 2021, l’indice globale a crû de 16,6 %, du jamais vu depuis que cet indice permet de calculer les variations du prix de vente des maisons résidentielles neuves[2], soit depuis 1987.
L’IPLN se décompose en deux sous-indices : l’un pour le prix des maisons[3], et l’autre pour le prix des terrains. En mai, la composante « terrain » montrait une augmentation de 10,3 % depuis un an, tandis que la composante « maison » affichait un bond spectaculaire de 18,6 % en un an (voir graphique ci-dessous).
C’est bien sûr la hausse marquée du prix des matériaux de construction depuis la pandémie de COVID-19 qui explique cette envolée du prix des maisons neuves, et la situation s’est considérablement détériorée à l’automne 2020. La flambée du prix du bois d’œuvre, qui a plus que triplé[4] depuis un an, en est la principale responsable, mais les constructeurs font également face à une majoration du prix de plusieurs autres matériaux, tels que l’aluminium, l’acier, les produits de plomberie et les produits d’isolation, pour ne nommer que ceux-ci.
Par ailleurs, il est important de souligner que l’IPLN mesure les prix convenus entre l’entrepreneur et l’acheteur au moment de la signature du contrat. Or, la hausse du coût des matériaux ne s’est pas reflétée instantanément dans l’Indice. Croyant que la situation serait temporaire, plusieurs constructeurs n’ont pas ajusté immédiatement leurs prix de vente et ont plutôt choisi d’absorber l’augmentation des coûts des intrants. Mais l’ampleur de ces hausses les a vite rattrapés et ils n’ont eu d’autre choix que d’ajuster leurs prix de vente en conséquence.
Par surcroît, la hausse du prix des matériaux n’est pas venue seule. Elle est forcément le reflet de pénuries, et qui dit pénuries dit aussi difficultés d’approvisionnement. Les délais de livraison chez certains fournisseurs n’ont cessé de s’allonger, ce qui, évidemment, n’est pas sans conséquence sur la livraison des habitations neuves. Déjà, en février dernier, lors d’un sondage réalisé par l’APCHQ auprès de ses membres, 84 % des entrepreneurs affirmaient encourir des délais supplémentaires dans la livraison de leurs projets[5] en raison de problèmes d’approvisionnement en matériaux.
L’augmentation du prix des maisons neuves et des délais de
livraison, en plus de la difficulté pour les entrepreneurs à recruter de la
main-d’œuvre, va graduellement affecter le rythme des mises en chantier
résidentielles. Ainsi, les niveaux records enregistrés au cours des premiers
mois de 2021 ne pourront malheureusement perdurer.
[1] Source : Statistique Canada, tableau 18-10-0205-01.
[2] Les prix sont ceux qui sont convenus entre l’entrepreneur et l’acheteur au moment de la signature du contrat. Les spécifications détaillées de chaque maison neuve demeurent les mêmes entre deux périodes consécutives. Les prix recueillis sont les prix de vente sur le marché, moins les taxes.
[3] L’enquête porte sur les maisons individuelles, les maisons jumelées ainsi que les maisons de ville ou en rangée neuves.
[4] L’Indice PRIBEC du prix du bois d’œuvre au Québec, colligé par le Conseil de l’industrie forestière du Québec, a crû de 187 % entre avril 2020 et avril 2021.
[5] Il ne s’agit pas exclusivement de constructions neuves, puisque les travaux de rénovation étaient également considérés.