Avec l’arrivée, en 2012, de la Partie 11 portant sur l’efficacité énergétique, il est maintenant obligatoire d’effectuer le recouvrement des ponts thermiques sur l’ossature des murs extérieurs avec un matériau ou un assemblage de matériaux ayant une résistance thermique minimale de RSI 0.7 (R-4).
Plusieurs manufacturiers en ont profité pour rappeler à l’industrie que leur produit pouvait être une solution quant à cette nouvelle exigence. Une opération de charme a donc été lancée par les manufacturiers de panneaux de mousse plastique et de panneaux de fibre de bois. Certains ont même développé des panneaux permettant d’offrir un contreventement en plus d’une valeur thermique suffisante, offrant ainsi un « deux en un » à l’industrie. Comprenons-nous bien, tous ces produits sont intéressants et performants, lorsqu’ils sont bien utilisés.
Plutôt méconnus de l’industrie de la construction d’habitations, les panneaux isolants semi-rigides et rigides en fibre de roche gagneraient certainement à être davantage considérés.
Le jour de la marmotte
La course à la meilleure méthode pour se conformer à l’exigence de recouvrir les ponts thermiques n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé en 1983 lors de la mise en application du Règlement d’économie d’énergie dans les nouveaux bâtiments, qui imposait une isolation minimale de RSI 3.5 (R-20) aux murs extérieurs.
À cette époque, deux industries se sont affrontées. D’un côté, l’industrie du bois proposait d’augmenter la cavité des murs pour permettre une plus grande profondeur afin d’ajouter plus d’isolant. Pour y arriver, elle suggérait de remplacer les colombages de 2 po x 4 po par ceux de 2 po x 6 po. De cette manière, il devenait possible d’installer 5½ po d’isolant en natte au lieu de 3½ po qu’offrait une ossature de 2 po x 4 po. Cette méthode permettait à l’industrie du bois d’écouler un plus grand volume de bois par habitation.
De l’autre côté, l’industrie des panneaux isolants en mousse plastique avait tenté de séduire les constructeurs. Cette proposition, valable et plus performante au niveau énergétique, faisait face à de vieilles habitudes de construction, ce qui n’était pas une mince tâche puisque cette méthode requérait une étape supplémentaire, soit celle d’installer les panneaux.
La machine commerciale de l’industrie du bois avait remporté le combat en misant sur la prémisse que les bâtiments seraient plus solides avec des colombages de 2 po x 6 po. La mise en place serait aussi plus facile puisqu’aucune étape supplémentaire n’était requise. En augmentant la dimension des colombages, on créait plus d’espace pour insérer l’isolant en laine; en une étape, on réussissait donc à ajouter plus d’isolant. Aujourd’hui, 35 ans plus tard, beaucoup de gens croient toujours que les colombages de 2 po x 4 po ont été délaissés pour des raisons structurales.
L’histoire démontre que lorsqu’un règlement vient modifier les méthodes d’assemblage, il est primordial pour les manufacturiers de se positionner tôt, car les techniques qui sont adoptées sont là pour rester et elles sont difficiles à changer.
Choix préconisés sur les chantiers
La réglementation d’aujourd’hui exige que les colombages soient recouverts de matériaux isolants. Le recouvrement peut être fait par l’intérieur, par l’extérieur ou une combinaison des deux. Majoritairement, l’industrie choisit l’option de recouvrir les ponts thermiques par l’extérieur. Techniquement, il s’agit de la meilleure option puisqu’elle contribue à préserver la cavité plus chaude et à éloigner le point de rosée vers l’extérieur.
En ce qui concerne les matériaux, les panneaux en mousse plastique (polystyrène expansé et extrudé) et les panneaux combinant une mousse plastique avec un support en fibre de bois ou un panneau d’aggloméré sont les choix les plus retenus, et ce n’est pas sans raison.
En plus d’offrir un bon rendement thermique, plusieurs produits offrent la possibilité de faire un excellent système d’étanchéité à l’air et peuvent même servir d’élément de démarcation intérieur en substituant la membrane de revêtement intermédiaire. Il faut également considérer que ces matériaux sont généralement abordables, disponibles, faciles et rapides d’installation.
Par contre, aucun matériau n’étant parfait, ceux-ci peuvent être moins appropriés dans certaines situations. Par exemple, plusieurs de ces isolants présentent peu ou pas de résistance au feu et sont plutôt inflammables. Il faut donc être prudent avec ces panneaux lorsque l’utilisation d’une flamme est requise au chantier, lors d’une soudure de travaux de plomberie, par exemple.
À elle seule, l’utilisation de mousse plastique n’offre pas énormément de quiétude acoustique. L’assemblage d’un mur pourrait manquer de masse, surtout lorsque le revêtement extérieur est en bardage léger. Dans cette situation, il est possible que les sons de la rue, particulièrement si le bâtiment est situé à proximité d’un boulevard achalandé, puissent être désagréables.
Autre option possible
Rarement utilisés en construction d’habitations, mais prisés des secteurs institutionnel, commercial et industriel (ICI), les panneaux en fibre de roche rigides ou semi-rigides devraient être davantage considérés. Ils offrent une bonne résistance thermique de RSI 0.75/25.4 mm (R-4.3/po), sont perméables à la vapeur d’eau et résistent aux chocs mécaniques. Ces isolants n’absorbent pas d’humidité et sont imputrescibles. Leur densité permet d’ajouter une masse considérable afin d’obtenir une insonorisation acceptable.
Puisque ces isolants ne sont nullement affectés par les rayons UV, ceux-ci peuvent protéger la membrane de revêtement intermédiaire et les solins « membranés » pendant la construction, permettant ainsi d’attendre au printemps pour effectuer la maçonnerie sans détériorer la partie de l’enveloppe déjà mise en place.
Sans être une solution miracle, les panneaux isolants semi-rigides et rigides en fibre de roche méritent que l’on s’y attarde dans la conception de nos projets d’habitations.
Bonjour Marco, le problème avec les nouvelles façon de faire et ses matériaux performant se trouvent au niveau de leur disponibilité. Dans les grands marchés, comme Montréal, il est toujours plus facile de les trouvés mais encore.
Il serait apprécié, pour moi en tout cas, que vous nous donniez vos source d’approvisionnement. Sans en faire de la publicité pour UnTel, en énuméré quelque uns! ou à tout les moins nous donner des spécifications commerciales. Des codes du produit. Car pour l’instant ces produits ne sont pas disponible à la quincaillerie du coin ou au marchand de matériaux conventionnel.
Je suis dans la construction depuis 1990. J’ai toujours apprécié les chroniques Technique de L’Apchq. Du temps de M. Gagné et de M. Lasalle. J’ai toujours pensé nouvelle façon de faire. Je me suis même permis un deuxième DEC en génie civil. Mais l’industrie de la construction demeure habité par des dinosaures. Alors il doit y avoir une demande pour que ces matériaux performant soit disponible.
Salutations et bonne continuité.
Réal Julien
Les Constructions ZACDO
Bonjour Réal, merci pour votre commentaire, nous transmettons votre message à Marco Lasalle. Bonne journée