Le Québec devra consentir des efforts importants au cours de la prochaine décennie afin de mettre à niveau et de développer ses infrastructures publiques, d’intensifier son potentiel hydroélectrique et de faire face à des besoins urgents en matière de logement.
À titre indicatif, le Plan québécois des infrastructures 2024-2034 du gouvernement du Québec et le Plan d’action 2035 d’Hydro-Québec nécessiteront à eux seuls des investissements estimés à plus de 330 G$. Des projets industriels privés et d’habitation totalisant des dizaines de milliards de dollars sont aussi prévus dans la prochaine décennie.
Un effort d’une telle ampleur ne pourra se réaliser sans la contribution d’une industrie québécoise de la construction forte et dynamique. Comme de nombreux secteurs de l’économie québécoise, elle est confrontée à des défis liés à la rareté de la main-d’œuvre. Toutefois, ces enjeux représentent une occasion de se réinventer et de se distinguer. Bien que sa productivité soit inférieure à celle de plusieurs provinces et à la moyenne canadienne, elle peut être significativement renforcée par des initiatives stratégiques et innovantes.
Enjeu
L’enjeu est important! Le lancement de grands chantiers, sans tenir compte des contraintes auxquelles fait face l’industrie, risque de se traduire par une hausse des coûts, des retards importants dans la réalisation des projets et un sentiment dans la population que le Québec a perdu sa capacité à réaliser de grands projets.
Pour arriver à répondre aux besoins du Québec en matière d’infrastructures et de construction résidentielle, l’industrie de la construction doit être considérée comme un secteur stratégique et recevoir un appui conséquent. Elle représente bien plus qu’un simple moteur économique: elle est la fondation même sur laquelle repose le développement des autres industries clés du Québec.
Sans l’industrie de la construction, il n’y a ni aluminerie, ni usine de batterie, ni grands projets énergétiques, ni grands projets d’infrastructures publiques. Investir dans la construction, c’est non seulement répondre aux besoins actuels, mais aussi poser les bases d’une économie résiliente, innovante et tournée vers l’avenir.
Défis
Le gouvernement du Québec et l’industrie de la construction doivent donc travailler de concert afin de permettre à l’industrie de la construction de relever les défis auxquels elle fait face. Il faut notamment:
- assurer une plus grande transparence sur le calendrier de réalisation des projets publics afin que l’industrie soit en mesure d’ajuster sa capacité en fonction des besoins;
- optimiser et intensifier les efforts de recrutement et de formation de la main-d’œuvre;
- favoriser une hausse de la productivité en facilitant l’implantation de nouvelles technologies numériques (intelligence artificielle, modélisation des données des infrastructures (BIM), etc.), de nouvelles approches collaboratives de la conception à la réalisation ainsi qu’une organisation du travail plus flexible sur les chantiers.
Le gouvernement du Québec s’est donné un objectif ambitieux de retour à l’équilibre budgétaire, ce qui limite les marges de manœuvre financières à court terme. Dans ce contexte de contraintes budgétaires, cet appui gouvernemental n’est pas seulement souhaitable, il est incontournable pour garantir l’utilisation de méthodes modernes et évolutives ainsi que l’accès à une main-d’œuvre qualifiée en nombre suffisant. Ces éléments sont indispensables au succès des nombreux projets d’infrastructures publiques et privées à venir.
La croissance et la prospérité du Québec tout comme la santé des finances publiques à moyen et long terme en dépendent.
Plus que jamais, l’industrie de la construction doit être considérée comme un secteur stratégique de l’économie québécoise!