Le béton a un excellent profil pour constituer un matériau de finition durable, esthétique, peu coûteux et nécessitant très peu d’entretien. Bref, il a vraiment beaucoup de potentiel!
Si vous souhaitez utiliser le béton comme matériau de finition, que ce soit pour un comptoir ou un plancher, vous devez le prévoir avant d’entreprendre les travaux. En effet, on aura de meilleures probabilités d’arriver à des résultats satisfaisants si l’on met toutes les chances de notre côté, en spécifiant le bon béton, le niveau de finition attendue, les couleurs, les textures, etc.
Sélection du béton
Le béton qui pourrait s’avérer satisfaisant lorsqu’il a pour seule fonction le support d’un matériau de finition « X », risque de donner de piètres résultats si l’on souhaite le conserver comme surface de plancher définitive.
La sélection du béton est donc la première étape à considérer. Pour une durabilité optimale, il faudra bien sûr opter pour un béton dense, et ce, tant pour limiter la porosité du matériau que pour assurer une bonne résistance aux chocs et à la circulation. Un béton avec une résistance en compression minimale de 30 MPa est généralement approprié.
Au moment de planifier la commande de béton, il est aussi avantageux d’opter pour un béton qui aura une malléabilité accrue et un rapport eau/liants faible.
Contrôle de la fissuration
La fissuration du béton est dans une certaine mesure inévitable. Toutefois, elle peut être réduite de façon importante et ultimement, il sera possible de contrôler les endroits où cette fissuration surviendra. Plusieurs éléments peuvent causer la fissuration du béton, mais c’est souvent l’évaporation rapide de l’eau contenue dans le mélange qui sera en cause. Dans ce contexte, l’ajout de plastifiant ou de réducteur d’eau combiné à un rapport eau/liants faible aidera à limiter le nombre et la dimension des fissures de retrait.
La mise en place de joints de contrôle est obligatoire pour les ouvrages de grandes dimensions destinés à demeurer apparents, comme les dalles. La disposition des joints de contrôle ne devrait jamais excéder 4,5 mètres d’intervalle, mais pourrait aussi être plus rapprochée. Il est également primordial d’ajouter des joints de contrôle aux changements d’angles et aux interruptions, et ce, même pour les petits ouvrages puisque ce sont généralement des emplacements où le béton a tendance à se fissurer plus facilement.
Densité de la surface
Comme on souhaite livrer des ouvrages qui devront résister à une usure normale légèrement supérieure à ce qui serait attendu des matériaux de finition plus traditionnels, on ne peut négliger la performance nécessaire à la densité de la surface. C’est particulièrement à cet endroit que l’on risque aussi de rencontrer des problèmes. Malgré le fait qu’on ait choisi un béton avec une résistance en compression adéquate, plusieurs autres facteurs auront une influence sur la densité de la surface.
La finition du béton, lorsqu’il y a présence d’eau de ressuage, pourrait affecter localement la résistance de la surface et la rendre friable et poussiéreuse, une situation fréquemment constatée sur les dalles de sous-sol.
Pour consolider le travail de finition, des agents augmentant la densité de la surface et la résistance aux taches peuvent être ajoutés à différentes étapes, selon le produit choisi. Il faut remettre en perspective que le béton demeure poreux et extrêmement basique sur l’échelle du pH, et que les acides seront toujours susceptibles d’y laisser leur trace. Ainsi, même en ayant pris les précautions de sceller et densifier la surface, il ne sera pas possible de laver ce type de plancher au vinaigre. Il est d’ailleurs recommandé de porter une attention particulière au moment de manipuler des produits plus acides dans la cuisine.
La cure
La cure du béton joue un rôle important dans l’optimisation de ses propriétés une fois mûri. Elle réduit entre autres la fissuration et améliore les propriétés de résistance mécaniques. Certains agents de cure chimique peuvent offrir de bonnes performances pour la finition du béton apparent, mais certains produits laisseront des marques blanchâtres sur les surfaces. Renseignez-vous avant de sélectionner un agent de cure.
Les cures humides demeurent performantes et simples, mais nécessitent du temps et « condamneront » le chantier pour plusieurs jours suivant la mise en place du béton. C’est donc à prévoir.
Le recouvrement avec des pellicules de polyéthylène est efficace pour retenir l’humidité, mais cette méthode est susceptible de marquer le béton de façon non homogène. Elle n’est donc pas recommandée pour fournir un béton destiné à servir de matériau de finition.
Démêler les différents finis
Si vous pensez faire une bonne affaire en livrant un plancher de béton fini « à l’hélicoptère » (truelle mécanique ou « talocheuse » mécanique), prenez bien soin de spécifier adéquatement en quoi consiste votre procédé et d’en préciser les limitations. Ainsi, la finition lisse obtenue avec la truelle mécanique risque d’en décevoir plus d’un si on omet de mentionner que le procédé est irréversible et ne pourra être corrigé en cas d’imperfections. Et des imperfections, il y en aura!
Plancher de béton, finition « à l’hélicoptère » avec la truelle mécanique.
Ajoutons à cela que les grandes pales de l’hélicoptère ne permettent pas de finir les coins et qu’elles laisseront potentiellement des marques à plusieurs endroits. Il est également risqué de se retrouver avec des traces de bottes, de petites dépressions et des bosses. Bref, vous aurez une surface fonctionnelle au fini lustré, semi-lustré, adéquate pour un garage, pouvant aussi s’avérer intéressante dans un sous-sol ou même dans des aires de vie plus fréquentées, si un look industriel est satisfaisant ou recherché.
Le béton poli quant à lui implique une abrasion progressive et uniforme de la surface qui peut s’opérer à différents niveaux. En fonction de la qualité de la finition initiale, il est possible de polir la surface sans retirer toute la laitance en surface et offrir un fini lisse et homogène.
Il est également possible d’opter pour un effet de style terrazzo avec des agrégats apparents. À ce stade-ci, le procédé de polissage permet l’atteinte de différents niveaux de lustre en ajustant le nombre de passages et la finesse de l’abrasion.
Le béton offre plusieurs autres possibilités : ajout de pigments dans le mélange directement à l’usine, teinture non filmogène appliquée par la suite, ajout d’agrégats spécifiques destinés à devenir apparents dans le béton poli, d’enduits de finition époxy, de polyaspartique, etc. Ultimement, il y a autant de possibilités que de planchers de béton.
À l’ère où les choix des consommateurs sont de plus en plus influencés par le développement durable, le béton semble avoir un avenir plus que prometteur dans nos habitations. Un plancher de béton poli pourrait même vous permettre d’obtenir des points LEED, selon certains critères.
Béton poli de style terrazzo avec agrégats apparents.